Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/479

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conseil, se rendit au lieu désigné. Le grand Alcandre y étant venu, il fut tout surpris de l’y rencontrer au lieu des ministres. Cependant, M. de Louvois, qui vouloit leur donner le temps de faire leurs affaires, entra dans la chambre tout proche du lieu où ils étoient, et voyant qu’il y avoit sept ou huit personnes de la cour qui avoient coutume de se faire voir quand le grand Alcandre sortoit, il prît une bougie de dessus un guéridon, feignant de chercher un diamant qu’il disoit avoir perdu. Il se doutoit bien que les valets de chambre viendroient à lui pour lui aider à le chercher, et en étant venu un, il lui dit tout bas, en lui donnant le flambeau, qu’il fît sortir tous ceux qui étoient dans la chambre, et qu’il dît à l’huissier de n’y laisser entrer personne, pas même ceux qui étoient mandés pour le conseil.

Ainsi, sans qu’on s’aperçut que cela vînt de lui, il se défit de tous ces importuns, et au lieu d’y avoir conseil ce jour-là, il y eût un grand éclaircissement entre le grand Alcandre et madame de Montespan. Cependant, comme l’on savoit que M. de Louvois étoit demeuré dans la chambre, on le crut enfermé avec le prince ; de sorte que les autres ministres, qu’on avoit renvoyés sans les vouloir laisser entrer, en eurent de la jalousie. Et de fait, ils ne surent à quoi attribuer cette longue conversation qui étoit cause qu’il n’y avoit point eu de conseil ce jour-là ; ce qui n’étoit point encore arrivé, le grand Alcandre étant ponctuel dans tout ce qu’il faisoit.

Cependant, quoique cet éclaircissement semblât