Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/488

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non pas à la cour, mais à Paris, où il est obligé de vivre en homme privé. En effet, le grand Alcandre n’a pas voulu permettre que son mariage se déclarât ; mais il est si souvent chez la princesse, que c’est tout de même que s’il y logeoit. Cependant elle en est si jalouse, qu’il voudroit bien n’avoir jamais songé à elle [1]. Elle a mis des espions auprès de lui, et il n’ose faire un pas qu’elle n’en soit avertie. Ainsi, l’on peut dire de lui qu’en sortant d’une prison il est rentré dans une autre, qui ne lui semble pas moins rude. Elle lui a donné deux terres [2], du consentement du grand Alcandre ; mais c’est tout ce qu’elle a fait pour lui, car elle ne sauroit lui donner un sou, ayant perdu tout son crédit par ce mariage, personne ne lui voulant plus prêter d’argent, de peur qu’on ne dise un jour à venir qu’étant en puissance de mari elle n’a pu emprunter valablement. C’est ce qui fait qu’il y a bientôt quatre ou cinq ans qu’elle a commencé à bâtir sa maison de Choisi [3], sans qu’elle soit

  1. Mademoiselle de Montpensier se plaint souvent de Lauzun, qui, à son retour de Pignerolles, affecte de faire l’empressé auprès des dames et se montre d’une avidité insatiable. Voy. surtout t. 7, p. 53 et suiv., édit. citée.
  2. « Le roi permit que je donnasse du bien à M. de Lauzun. D’abord il fut dit de lui donner Châtellerault et quelques autres de mes terres du voisinage. Il n’en voulut pas ; il aima mieux le duché de Saint-Fargeau, qui étoit alors affermé 22,000 livres, la ville et baronnie de Thiers, en Auvergne, qui est une des plus belles terres de la province, de la valeur de 8,000 livres, et 10,000 livres de rente par an sur les gabelles du Languedoc. Au lieu d’être content, il se plaignit que je lui avois donné si peu qu’il avoit eu peine à l’accepter. »
  3. Cette maison, que mademoiselle de Montpensier acheta