Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/139

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la garda auprès d’elle, où elle s’insinua si bien qu’en peu elle fut sa confidente[1]. Rien ne se faisoit pour lors auprès du Roi que par la faveur de la Montespan, et rien auprès d’elle que par la Scarron. Elle sut si bien ménager sa fortune que jamais elle n’en a souffert de revers ; au contraire, sa grande faveur lui attiroit journellement quantité de présents, et singulièrement un d’assez grande importance pour en rapporter ici la cause, et pour marquer son pouvoir dans ces commencements, lequel n’a fait qu’augmenter depuis.

Le premier médecin du Roi étant mort, Sa Majesté résolut de n’en prendre plus par faveur, mais d’en choisir un de sa main, et pour remplir cette place il avoit jeté les yeux sur M. Vallot[2], et il est à croire que, si la mort ne l’eût ravi, il l’auroit possédée. Sa mort fit réveiller grand nombre de prétendants, qui n’avoient osé paroître de son vivant, et un chacun employa les brigues et les prières de ses amis pour y parvenir ; mais toutes

    de la princesse. (Voy. les Mém. de madem. de Montpensier.)

  1. On sait que madame de Montespan s’attacha madame Scarron pour faire la première éducation des enfants qu’elle avoit eus du Roi. (Cf. Mém. du P. Laguille et les notes de M. Ed. Fournier.)
  2. Le fait rapporté ici semble inexact. En effet, déjà en 1669 nous trouvons sur l’État de la France M. Vallot, premier médecin, aux gages de 3,000 livres. Des huit médecins servant par quartier qui l’assistoient, aux gages de 1,200 livres, le premier nommé est « le sieur Daquin, et son fils en survivance ». M. Daquin sembloit donc être naturellement désigné pour remplacer M. Vallot, et celui-ci, qui, au dire du pamphlétaire, seroit mort avant d’avoir obtenu la place, l’exerça réellement.