Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/156

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fut aussi député de son côté pour faire les mêmes propositions, et il est facile de se persuader qu’elle les reçut avec une grande joie et des témoignages de reconnoissance, et avec une entière soumission ; non pas, dit-elle, pour les honneurs, mais pour mettre ma conscience en repos. C’est, lui dirent les révérends Pères, le seul motif qui nous a poussés à travailler à cette grande affaire. Cette bonne dame, pénétrée de joie, baisa plusieurs fois la main du révérend Père La Chaise, qui portoit la parole, et lui dit : « Mon révérend Père, je remets entre vos mains mon corps et mon âme, aussi bien que le bonheur de ma vie. Après que leurs Révérences lui eurent donné la bénédiction et quelques instructions sur ce qu’elle devoit faire et comme elle se devoit comporter auprès du Roi, ils lui recommandèrent deux personnes et la prièrent de les recevoir à son service, ce qu’elle accepta avec empressement. Il étoit nécessaire à la Société d’avoir chez elle des personnes affidées, afin de pouvoir être informée de tout se qui se passeroit pendant qu’ils travailleroient à disposer le Roi.

Madame de Maintenon, tout occupée de ses grandes espérances, ne manquoit pas de caresser le Roi autant qu’il étoit possible[1]. Elle ne lui

  1. M. Walckenaer s’explique en termes naïvement chastes sur les relations de Louis XIV et de madame de Maintenon. Nous donnons son texte, en renvoyant aux notes où il cite ses autorités : « Elle étoit du nombre de celles qui, très sensibles aux caresses que les femmes aiment à se prodiguer entre elles (je comprends peu) en témoignage de leur mutuelle tendresse, et qu’avec plus de réserve elles échangent avec l’autre sexe, ont une répugnance instinctive à se soumettre à ce qu’exige d’elles l’amour conjugal pour devenir mères,