Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/164

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à quelque officier. Et si un domestique, qui ne juge souvent des choses que par l’écorce, avoit divulgué ce qui se passe dans la maison, il seroit mis entre quatre murailles pour tout le reste de sa vie. L’on dit, à l’honneur de la fondatrice, qu’elle prend soin de couvrir promptement et adroitement les petits accidents qui arrivent dans cette société, par des mariages qu’elle faisoit réussir. C’est sur ces mariages qu’on a fait cette chanson, que l’on chantoit dans les rues de Paris.

En France il n’y a pas de mari,
Quoique bien fait et bien joli,
Qui n’ait pour sa devise,
Hé bien,
Les armes de Moïse[1],
Vous m’entendez bien.

Ces esprits médisants sont la cause que plusieurs de ces jolies demoiselles n’ont pas encore goûté les douceurs de l’hymen ; mais elles ne doivent pas en savoir mauvais gré à madame de Maintenon, car elle n’épargne ni ses soins ni son crédit auprès du Roi pour les faire réussir, puisque nous avons vu qu’elle a fait donner des compagnies et des majorités[2] d’infanterie à quelques-uns des galants de ces demoiselles, pour faire avancer leur mariage. Quoi qu’il en soit, c’est une commodité pour le Roi, qui peut se satisfaire

  1. On connoît les deux rayons symboliques que la peinture et la sculpture placent sur le front de Moïse.
  2. Des charges de capitaines et de majors. Le mot majorité se trouve dans Furetière avec le sens qu’il a ici.