Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/170

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quatre coins de la France, qui a ressemblé à une maison embrasée, de laquelle se sauve qui peut[1]. Grand nombre de personnes, ne voulant pas être forcées, aimèrent mieux tout quitter et se sauver que de s’accommoder à la religion du Roi ; plusieurs tombèrent dans les filets que l’on leur avoit tendus aux frontières pour les empêcher de déserter, ce qui fit que d’autres aimèrent mieux rester que de se commettre à un châtiment très rude en cas qu’ils fussent pris. Cependant, sous main chacun employoit son crédit, ses amis et son argent proche des catholiques qui avoient quelque pouvoir, pour tâcher d’obtenir des passeports. Mademoiselle M. D. fut une de celles qui, craignant les mauvaises suites du couvent, ne voulurent pas se hasarder à partir sans passeport. Elle eut assez d’adresse et d’amis pour s’introduire chez madame de Montespan, où elle sut si bien faire, qu’elle la persuada à s’employer pour elle, cette dame étant bien aise de s’attirer par là l’estime d’un grand nombre de personnes de la religion prétendue réformée, et leur faire connoître, par ce

  1. Entre autres documents intéressants sur la question des réfugiés protestants, nous signalerons, sans parler des histoires spéciales des réfugiés, les nombreuses pièces insérées dans les divers volumes du Bulletin de la Société de l’histoire du protestantisme français ; de plus, dans la France protestante de MM. Haag, t. 7, part. 1re, le « Relevé général des persécutions exercées contre les protestants de France, depuis la révocation de l’édit de Nantes jusqu’à la révolution française » ; et enfin, à la Bibliothèque impériale, deux manuscrits : 1º Abjurations de l’hérésie faites en l’église de Saint-Eloi de Paris, 1668 (Barnab. 4) ; et 2º Registre de plus de mille cinq cents hérétiques convertis à Paris de 1675 à 1679, présenté au Roi par le P. Alexandre de Saint-Charles, no 6995.