Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/185

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monsieur Scarron, le sort échut sur votre personne, et il vous épousa en face de sainte mère Église. N’est-il pas vrai ? » Madame de Maintenon, qui ne cherchoit que d’esquiver, lui dit : « Que trouvez-vous à critiquer là-dessus ? Je ne crois pas, dit-elle, que votre mariage fût plus ferme ni plus assuré que le nôtre, puisqu’il n’a pas été de longue durée : on n’a pas eu besoin de vous délier l’éguillette ; vous l’avez fort bien su faire vous-même. Si vous étiez en Suisse ou à Genève, comme vous m’avez dit il y a un moment, je crois que l’on vous feroit passer un heure de méchant temps, et qu’un vent d’acier couronneroit votre infidélité. » Madame de Maintenon crut se venger par cette petite égratignure ; mais la Montespan, qui avoit encore le plus sensible à débiter, lui dit : « De grâce, Madame, achevons votre histoire ; nous voici arrivées au plus bel endroit de l’affaire. Je n’ai plus que trois mots à dire, puis je finis. Comme donc les amis de feu votre mari le vinrent féliciter sur son mariage : « Parbleu, leur dit-il, Messieurs, l’on ne me reprochera pas que ma foiblesse est cause que ma femme sera coquette et qu’elle me trompe, car je l’ai prise P…., et si bien, qu’elle a déjà fait une fille (que vous lui portâtes dans le mariage pour tout douaire)[1]. Il leur dit encore que vous aviez voulu mettre dans votre contrat de mariage que vous ne seriez obligée de rester avec lui que depuis six heures du matin, qu’il se levoit, jusques à dix heures du soir, qu’il se couchoit ;

  1. On ne trouve nulle trace ailleurs de ces sortes de calomnies.