Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/190

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ne l’empêcheroient pas de la faire repentir de sa témérité et de l’abus qu’elle faisoit de l’autorité que la facilité du Roi lui a mise en main.

Je me persuade que cette guerre dureroit encore, si elle n’avoit pas été dissipée par une assez plaisante aventure qui arriva à monseigneur le Dauphin, qui divertit la Cour pendant quelques jours et tira le Roi de l’humeur chagrine où tous ces divorces l’avoient jeté ; la voici : Monseigneur ayant fait une partie de chasse pour le loup[1], il s’en alla à dix ou douze lieues de Versailles, accompagné de monsieur le Grand Prieur[2]

  1. Monseigneur étoit passionné pour la chasse, et surtout pour la chasse au loup. Le Journal de Dangeau, à la date du 15 juin 1686 (tome 1, page 349), nous fournit à ce sujet une particularité curieuse : « Monseigneur ordonna que tous les gens qui le voudroient suivre à la chasse du loup fussent vêtus de la même manière ; il veut qu’ils aient tous des habits de drap vert avec du galon d’or. » Et les éditeurs ajoutent cette note, que nous croyons devoir reproduire : « Ce galon prit le nom de galon du loup. Les uns ont mis sur leurs habits un passe-poil d’un petit galon léger en double, ou bien un galon tout plat fort léger, qui est fait d’un cordonnet d’argent avec deux lames au bord. On l’a nommé d’abord galon de paille, puis galon du loup, à cause qu’on en voyoit sur les habits de ceux qui alloient à cette sorte de chasse avec monseigneur le Dauphin. Il est devenu si commun qu’il a été ordonné à tous ceux qui ont l’honneur de l’accompagner quand il va prendre ce divertissement de mettre ce galon sur du drap de Hollande vert, de sorte que ce prince y a déjà été plusieurs fois à la tête de trente personnes vêtues de ce justaucorps. » (Cf. Mercure de juin 1686.)
  2. L’ordre de Malte étoit divisé en huit langues, dont la France avoit les trois premières : Provence, Auvergne et France. La langue de Provence avoit deux grands prieurs, la langue d’Auvergne un seul, et la langue de France trois, dont l’un étoit particulièrement appelé le grand prieur de France. Cette dignité étoit alors occupée par Philippe de Vendôme.