Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/23

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mouvement de dévotion. Quoi qu’il en soit, sa démarche a été un peu précipitée ; peut-être que, sans l’honneur qu’on se fait de tenir ferme dans ce qu’on a entrepris, elle auroit corrigé la faute qu’elle fit dans le temps qu’elle la confirma par son engagement[1].

Voici donc le Roi sans maîtresse, c’est-à-dire dans un état qui n’a guère de rapport avec son humeur ; mais ne croyez pas qu’il y reste longtemps, puis qu’un homme fait comme lui, quand il n’auroit ni sceptre ni couronne, ne laisseroit pas de faire des conquêtes. L’amour, qui se seroit fait un crime de laisser dans l’oisiveté un héros dont les moindres actions sont éclatantes, lui marqua bientôt celle qu’il lui destinoit[2]. Ce fut mademoiselle de Fontange, fille jeune, belle et aimable autant qu’il se peut, et dont les manières sont si engageantes que, quelque indifférente chose qu’elle puisse dire, il semble toujours qu’elle demande le cœur. La première nouvelle qu’elle apprit du commencement de sa bonne fortune lui fut portée par madame D. L. M.[3] C’est une personne

  1. Si le parti qu’avoit pris mademoiselle de La Vallière de quitter la cour lui eût été si pénible, les instances du Roi l’auroient sans doute décidée à quitter le couvent la seconde fois comme la première.
  2. Ici se place, dans certaines éditions, un long passage détaché, on ne sait pourquoi, de la France galante, et qui ne figure dans les premières éditions ni de la France galante ni de l’histoire de mademoiselle de Fontanges. Nous l’avons indiqué en son lieu. Voy. ci-dessus, t. 2, p. 454, 464, etc. — En revanche, le passage que nous donnons, et où, entre autres particularités, il est question de mademoiselle de Ludre, a été entièrement supprimé.
  3. Nous n’osons interpréter ces initiales, qui ne sont pas les mêmes dans tous les textes. Certains manuscrits portent Mlle D. L.