Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/309

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qui se mêloient de l’accommodement s’étant aperçus, ils les laissèrent faire, se doutant bien qu’ils ne se feroient point de mal. Et ils ne se trompèrent pas dans leur pensée : car, voyant tous deux qu’ils avoient la bride sur le cou, ils commencèrent à connoître qu’ils avoient eu tort de ne pas croire le conseil de ceux qui vouloient qu’ils s’accommodassent. Commençant donc à se repentir de ne les avoir pas crus, il fut aisé à madame d’Olonne, qui avoit peur de perdre Beuvron, de conseiller à son mari de ne se pas commettre si légèrement, et, sans entrer dans le détail de ce qui causoit leur querelle, elle lui fit promettre qu’ils s’embrasseroient l’un l’autre. Pour cet effet, elle lui dit qu’elle vouloit leur donner à souper à tous deux dans son appartement, à quoi d’Olonne consentit, espérant qu’il laveroit bien la tête à Beuvron en sa présence, lui que depuis peu de temps il commençoit à reconnoître assidu auprès d’elle, si bien qu’il eût fallu qu’il eût été tout à fait aveugle pour ne pas voir qu’il y avoit du particulier entre eux.

Tous ceux qui savoient leur querelle crurent que la comtesse en étoit le sujet, et qu’à la fin les yeux de son mari s’étoient ouverts sur elle ; mais quand ils virent qu’elle faisoit pour eux le maréchal de France[1], ce fut à eux à décompter, et ils ne surent plus qu’en dire. Beuvron s’étant trouvé au rendez-vous, d’Olonne expliqua à sa femme le nœud de leur querelle, se servant du prétexte qu’il n’avoit pu voir qu’il attentât à l’honneur de sa sœur sans s’en ressentir. C’étoit

  1. Conf. t. 2, p. 443.