Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/32

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plus doux soupirs. Cette fête fut suivie pendant huit jours de toutes sortes de jeux et de divertissements ; la danse n’y fut pas oubliée, et mademoiselle de Fontange y parut merveilleusement, et se distingua parmi les autres[1]. Le duc de Saint-Aignan s’étant trouvé au lever du Roi le lendemain de la noce, d’abord que le Roi l’aperçut, il sourit, et, le faisant approcher, il lui fit confidence du succès de ses amours. Il l’assura que jamais il n’avoit plus aimé, et il lui dit que, selon les apparences, il ne changeroit jamais d’inclination. Le duc suivit le Roi chez sa nouvelle maîtresse ; ils la trouvèrent qui considéroit attentivement les tapisseries faites d’après M. Lebrun, qui représentoient les victoires de Sa Majesté[2] : elles faisoient la tenture de son appartement ; le Roi lui-même lui en expliqua plusieurs circonstances, et, voyant, qu’elle y prenoit plaisir, il dit au duc de faire un impromptu sur ce sujet. La vivacité de l’esprit de M. le duc de Saint-Aignan parut et se fit admirer, car dans un moment il écrivit sur ses tablettes les vers suivans :

Le héros des héros a part dans cette histoire.
Mais quoi ! je n’y vois point la dernière victoire.

  1. Mademoiselle de Fontange ne se distingua pas toujours à la danse : « On m’a dit de bon lieu qu’il y avoit eu un bal à Villers-Cotterets ; il y eut des masques. Mademoiselle de Fontange y parut brillante et parée des mains de madame de Montespan. Cette dernière dansa très-bien. Fontange voulut danser un menuet ; il y avoit longtemps qu’elle n’avoit dansé : il y parut ; ses jambes n’arrivèrent pas comme vous savez qu’il faut arriver. La courante n’alla pas mieux, et enfin elle ne fit plus qu’une révérence. » (Lettre de Sévigné, du 6 mars 1680, jour du mercredi des cendres.)
  2. Ces tapisseries, exécutées aux Gobelins d’après les tableaux,