Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/330

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qui avoient des affaires devant lui n’eurent pas à souffrir de sa méchante humeur. Mais pour l’achever de peindre, il lui arriva le lendemain une autre aventure qui n’étoit pas moins chagrinante. Un gentilhomme qu’il avoit maltraité, et qui étoit ami intime du comte de Fiesque, s’en étant plaint à lui confidemment, le comte lui répondit que c’étoit un vieux cocu, qui en usoit ainsi avec tout le monde, si bien qu’il ne falloit pas s’en étonner ; mais que sa femme l’en vengeoit assez, de même que tous ceux qui, comme lui, avoient sujet de lui vouloir du mal. Soit qu’on se plaise à entendre médire de ceux qui nous ont offensé, ou qu’on le fasse seulement par le penchant que nous avons au mal, ce gentilhomme n’eut pas plutôt ouï ces paroles qu’il demanda au comte de Fiesque, qu’il voyoit être bien instruit de toutes choses, de lui spécifier quelques particularités ; et le comte ayant eu l’imprudence de le contenter, et même de lui dire que la maréchale étoit actuellement en couche, l’autre s’en alla fort satisfait. Comme son dessein étoit de ne pas laisser tomber cette affaire à terre, il prit de l’encre et du papier, et sa main n’étant pas connue du maréchal, il lui fit part de cet avis, qu’il croyoit bien ne lui devoir pas être fort agréable.

Cette lettre arriva au maréchal par la poste, ce gentilhomme étant allé lui-même à Etampes par la même voie, pour la pouvoir mettre dans la boîte. Le maréchal l’ayant ouverte, il fut fort surpris de voir les nouvelles qu’on lui mandoit, qu’il crut fort vraisemblables, y ayant déjà quelque temps que sa femme faisoit la malade sans que son mal prétendu augmentât ou diminuât. On lui mandoit