Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/359

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pour cacher leurs désordres), il prit sujet de là d’en faire une grande mercuriale à un jeune prince qui s’y étoit trouvé, en qui il prenoit intérêt. Il lui dit que du moins, s’il étoit assez malheureux pour être adonné au vin, il bût chez lui tout son soûl, et non pas dans un endroit comme celui-là, qui étoit de toutes façons si indigne pour une personne de sa naissance.

Le reste de la cabale n’essuya pas les mêmes reproches, parce qu’il n’y en avoit pas un qui touchât le Roi de si près ; mais, en récompense, il leur témoigna un si grand mépris qu’ils furent bien mortifiés[1]. Et, à la vérité, ils furent quelque temps sans oser rien faire qu’en cachette ; mais comme leur caractère ne leur permettoit pas de se contraindre longtemps, ils en revinrent bientôt à leur inclination, qui les portoit à faire les choses avec plus d’éclat.

Pour ne pas s’attirer néanmoins la colère du Roi, ils jugèrent à propos de faire serment, et de le faire faire à tous ceux qui entreroient dans leur confrérie, de renoncer à toutes les femmes : car ils accusoient un d’entre eux d’avoir révélé leurs mystères à une dame avec qui il étoit bien, et ils croyoient que c’étoit par là que le Roi apprenoit tout ce qu’ils faisoient. Ils résolurent même de ne le plus admettre dans leur compagnie ; mais s’étant présenté pour y être reçu, et ayant juré de ne plus voir cette femme, on lui

    étoient surprises, même en faute, dans des cabarets, la police fermoit volontiers les yeux pour ne pas les connoître et ne pressoit pas trop les cabaretiers de révéler leurs noms.

  1. Cf. t. 2, p. 425.