Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/38

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Les amans les plus amoureux
La consultent dans leurs affaires,
Et souvent les plus téméraires
Ne sont pas les plus malheureux.
Parlons encor de trois guerrières,
Moins aimables que les premières
Dont j’ai déjà fait les portraits.
Commençons par la Jalousie,
De qui les coups, de qui les traits
Blessent toujours la fantaisie.
Dieux ! qu’elle est d’une étrange humeur !
Elle n’explique rien qu’à son désavantage,
Et, sur le moindre ombrage,
Elle se rompt la tête et se ronge le cœur.
L’Inquiétude est la seconde ;
Elle se plaît à fatiguer l’Amour.
Il n’est point d’endroit dans le monde
Qui ne la divertisse et l’ennuie à son tour,
On n’a point de mesure à prendre
Pour l’arrêter ou pour l’attendre.
L’Amour s’en plaint à tout propos ;
Mais ce qu’il trouve de plus rude
Est que presque toujours il chasse le Repos,
Pour retenir l’Inquiétude.
La Ruse n’a que lâcheté
Et que malice pour partage ;
Quand elle dit la vérité
C’est qu’elle est à son avantage.
L’Amour peut s’en servir à la prise d’un cœur,
Quoique bien souvent il s’abuse,
Car les services de la Ruse
Ne lui font jamais de l’honneur.