Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/407

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et qui étoit du même style. Voici ce qu’elle contenoit :

Lettre de Madame d’Olonne au Marquis de Fervaques.


Pour un homme qui va à la guerre, et qui est même capitaine dans la gendarmerie, vous avez bien peu de hardiesse. Attendez-vous que je vous aille prier, et pour vous avoir dit que j’avois des mesures à garder dans le monde, est-ce vous dire que vous n’avez rien à espérer ? J’enrage que vous m’obligiez malgré moi à faire un personnage que j’ai toujours haï, c’est-à-dire à vous morigéner comme un jeune homme. Venez pourtant tout présentement, l’on vous apprendra à vivre, puisque vous ne le savez pas ; mais apportez du moins plus de courage que vous n’en aviez hier au soir.

« Ah ! la folle ! dit en même temps la duchesse d’Aumont ; et quand prétend-elle devenir sage, si ce n’est à l’âge qu’elle a ? — Elle n’est point encore si âgée, ma cousine, dit Fervaques, et elle n’a pas plus de trente-cinq ans. — J’en suis bien ravie, mon cousin, lui répondit la duchesse, et que vous la trouviez à votre gré. — Moi ? point du tout », répliqua Fervaques, qui s’avisa, mais un peu tard, qu’il venoit de dire une sottise ; et pour lui prouver qu’il la voyoit sans attachement, il lui fit confidence qu’elle le vouloit marier avec mademoiselle de la Ferté, sa nièce, à qui elle donneroit tout son bien[1]. Cette conversation interrompit celle qu’il avoit commencée ;

  1. Voy. ci-dessus, p. 302.