Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/449

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plus haut que lui, elle ne sonna mot en cette occasion. La Ferté, qui se faisoit un point d’honneur de tenir parole à Biran et à Roussi, la voyant si souple, se coucha auprès d’elle, où il tâcha de se mettre en état de la caresser. La duchesse, qui savoit jouer son rôle, fit la pleureuse, se plaignit qu’il ne la recherchoit que lorsqu’il revenoit de débauche, et par de petites résistances elle l’anima tellement, qu’elle crut qu’il pourroit accomplir l’œuvre dont il n’avoit auparavant que la volonté. En effet, toutes choses se passèrent selon son désir ; après quoi, son mari ne demandant qu’à dormir, il passa toute la nuit d’une pièce, pendant que de son côté elle eut sujet d’avoir plus de repos. Quand La Ferté eut cuvé son vin, elle voulut le lendemain matin le faire retourner à l’ouvrage, soit que le métier lui plût ou qu’elle eût peur qu’il ne se ressouvint pas de ce qui s’étoit passé ; mais il se trouva si pesant, qu’après avoir essayé d’en venir à bout, il fut obligé de faire retraite.

Cependant Roussi étoit aux écoutes pour savoir ce qu’il avoit à espérer de ses petits soins ; mais il avoit manqué à une chose, qui étoit d’avertir sa maîtresse ; tellement que, le duc de Ventandour s’y étant pris aussi brutalement avec elle que La Ferté avoit pu faire avec sa femme, elle ne voulut jamais le souffrir. Le petit bossu jura et pesta de bonne sorte ; mais, s’étant aguerrie à tout cela depuis qu’elle étoit avec lui, elle le laissa dire et ne fit que ce qu’elle voulut.

Roussi, sachant de quelle manière la chose s’étoit passée, lui en sut non-seulement mauvais gré, mais pensa encore se brouiller avec elle. Il