Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/465

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ses nouvelles et de celles de sa femme. Il lui répondit, en goguenardant, qu’il faudroit bien d’autres fatigues à l’un et à l’autre pour les faire mourir. Cependant ce qu’il avoit dit au Roi n’étoit rien en comparaison de ce qu’il dit à sa femme. Etant revenu à Paris, elle lui demanda quel accueil il avoit reçu ; sur quoi prenant un grand sérieux, il lui répondit qu’il avoit tout lieu imaginable de se louer de Sa Majesté ; qu’elle ne l’avoit pas plus tôt vu qu’elle lui avoit dit fort obligeamment qu’elle ne vouloit plus se ressouvenir de ce qu’avoit fait monsieur de Biran, et que ce ne seroit plus que de ce que feroit monsieur de Roquelaure.

La dame fut ravie de ce qu’il paroissoit si content, et, ne se doutant en aucune façon pourquoi il avoit dit ces paroles, elle lui exagéra la bonté du Roi, lui demanda si l’on pouvoit dire les choses avec plus d’esprit et plus de bonté. Biran avoua que cela étoit impossible, et, après avoir encore renchéri par dessus, il lui dit qu’il trouvoit cette pensée si juste qu’il vouloit s’en servir à son égard ; qu’il lui promettoit donc qu’il avoit oublié tout ce qu’avoit fait mademoiselle de Laval, et qu’il ne se mettroit jamais en peine que de ce que feroit madame de Roquelaure. Si la duchesse avoit pu retenir sa langue après ce reproche, elle l’eût fait sans doute aux dépens d’une partie de son sang ; mais, n’y ayant plus de remède, elle tâcha de cacher la confusion où elle étoit.

Le commerce qu’il avoit avec madame d’Aumont dura encore quelque temps ; mais, ayant une jeune femme tous les jours auprès de lui,