Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/518

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son père, à qui il ressemble tout à fait par la tête. Ce duc, après la mort du bonhomme le prince de Guimené[1], n’ayant pu avoir la charge de grand veneur qu’il avoit, et qui fut donnée au chevalier de Rohan, son frère[2], eut encore le dégoût que le Roi ne le voulut pas faire recevoir duc et pair, ce qui lui appartenoit pourtant comme aîné d’une maison qui jouissoit de cette prérogative. Le refus du Roi étoit fondé sur sa folie ; mais lui, ne se rendant point de justice, il dit au Roi cent pauvretés qui dans la bouche d’un autre auroient été fort outrageantes ; mais le Roi ayant pris le tout de la part d’où cela venoit, il se contenta d’envoyer quérir la princesse de Guimené, sa mère[3], avec qui il convint de le faire enfermer à la Bastille. Au bout de quelque temps sa prison ayant été changée en un ordre de s’en aller à une de ses terres, il se sauva en Flandres. Les Espagnols, qui connoissoient mieux son nom que sa tête, lui donnèrent de l’emploi avec une pension considérable. Cependant

  1. Voy. les notes 424 et 425, à la page précédente.
  2. Louis, chevalier de Rohan, frère du duc de Montbazon le fou, avoit été reçu en 1656 grand veneur, en survivance de son père ; celui-ci étant mort en 1667, le chevalier de Rohan exerça sa charge jusqu’en 1670, qu’il s’en démit en faveur de Maximilien de Belleforière, marquis de Soyecourt. On connoît sa trahison : il fut décapité le 27 nov. 1674.
  3. Journal de Dangeau : « Mercredi, 14 mars 1685 : Madame la princesse de Guéméné mourut à Rochefort ; elle laisse 200,000 liv. de rentes en fonds de terre ; elle est morte à 80 ans passés. » Saint-Simon ajoute : « Cette princesse est la belle-sœur de la célèbre madame de Chevreuse… Elle avoit beaucoup d’esprit, de beauté et d’agrément, dont tout usage lui étoit bon (à son mari) pourvu qu’il y trouvât profit, considération et grandeur. » (Journal de Dangeau, t. I, p. 135-136.)