Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/53

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Et dès que la Vertu
Le vit paroître avec tant d’avantage,
Elle se repentit d’avoir tant combattu.

Comme j’ai cru que la lecture de cette pièce du duc de Saint-Aignan ne pourroit pas vous lasser, je l’ai placée dans cet endroit, qui lui seroit encore plus naturel si elle n’étoit point si longue. Quoi qu’il en soit, il faut avouer que, bien que ces vers ne soient qu’une description énigmatique des amours de notre héroïne, ils ont néanmoins de la beauté, et ils doivent paroître fort spirituels à ceux qui en pourront pénétrer le sens. Ils furent lus du Roi et de la cour avec bien de la satisfaction, et le contentement qu’on témoigna doit passer pour une marque assurée de leur valeur. Le duc y réussit merveilleusement, et lorsqu’il travaille sur une matière qui a du rapport avec son naturel fort galant, il ne fait rien qui ne soit agréable. Le style en des endroits est un peu flatteur, mais aussi ceux qui pourront voir clair dans l’obscurité de quelques mots connoîtront que la satire n’en est pas entièrement bannie. Mais revenons à notre histoire, et suivons, s’il se peut, notre belle, qui part avec son prince pour une partie de chasse qui lui donnera du divertissement.

Elle étoit vêtue ce jour-là d’un justaucorps en broderie d’un prix considérable, et la coiffure étoit faite des plus belles plumes qu’on eût pu trouver. Il sembloit, tant elle avoit bon air avec cet habillement, qu’elle ne pouvoit pas en porter un qui lui fût plus avantageux. Le soir, comme on se retiroit, il se leva un petit vent qui obligea