Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/74

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avancées n’ont été que pour grossir son historiette[1]. Il y a même mis plusieurs choses malhonnêtes et peu séantes à un auteur, qui doit être plus modeste, et qui doit savoir que son ouvrage sera lu par l’un et l’autre sexe. Aussi la plupart n’ont pas voulu le lire à cause des saletés qu’ils y ont trouvées, mais surtout les dames, dont quelques-unes se sont plaintes de ce que plusieurs auteurs, par leurs ordures[2], les privoient de lire plusieurs petites histoires galantes de ce temps. C’est donc pour y remédier et satisfaire à leur curiosité que j’ai bien voulu, dans cette seconde édition, corriger toutes les périodes sales et les faussetés que j’ai remarquées dans l’autre édition, pour les accommoder au goût de toutes sortes de personnes. C’est, dis-je, pour leur faire plaisir que j’ai fait imprimer

    Madame de Maintenon en sera l’héroïne. Elle en est aussi la preuve la plus surprenante et la plus agréable, comme la suite le pourra faire voir ; heureuse elle-même, si dans la vie on peut réputer pour bonheur la prospérité dont elle jouit. Au reste, je veux bien avertir le lecteur que, quoique diverses personnes aient écrit sur de semblables matières et n’aient fait que de purs romans, au moins ce que j’écris est une vérité essentielle, car les Mémoires d’où ceci est tiré sont sortis de la cassette de madame de Maintenon. Ils sont en partie écrits de sa propre main, et nous les avons recouvrés d’une demoiselle qui l’a servie pendant un assez long temps. C’est donc d’elle que nous tenons ce que nous allons vous exposer. Je souhaite qu’il vous satisfasse autant qu’il m’a satisfait dans la peine que j’ai prise à rassembler les Mémoires que je vous donne ; et s’il y a quelque chose de ridicule, n’en accusez que les originaux, et non la copie. Adieu.

  1. L’auteur de cette préface a voulu faire son texte meilleur qu’il n’est. A quelques suppressions près, les deux textes sont, en général, également erronés.
  2. Le libraire calomnie l’édition rivale pour assurer le débit de la sienne. Ni dans l’une ni dans l’autre on ne trouve un style ordurier.