Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/200

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Mlle du Tron, lui prenant la main. — Ah ! Ciel, Sire, que vous m’embarrassez par votre foiblesse ; revenez, mon cher prince, de ce triste état, ou je vais mourir moi-même.

Le Roi toujours pâmé.

Mlle du Tron, lui baisant la bouche, continue. — Mon illustre monarque, que vous m’alarmez ! vous me donnez de mortelles inquiétudes, hélas ! que dira madame de Maintenon si elle vous trouve en cet état ? Que deviendrai-je alors ?

Le Roi, revenant de son évanouissement, dit : — Mon petit amour, ma charmante, où ai-je été ? que le paradis des amants est un séjour délicieux, et quel plaisir de s’y perdre avec vous !

Mlle du Tron, soupirant. — Que vous m’avez causé de peine, Sire, en voyant Votre Majesté changée !

Le Roi, lui baisant la main. — Mon Dieu, ma chère demoiselle, que vous êtes bonne de vous affliger pour un pauvre prince qui mérite si peu de vous adorer, mais qui vous aime plus que sa vie.

Mlle du Tron. — Sire, serois-je assez malheureuse pour vous avoir causé cette foiblesse ?

Le Roi. — Appelez-vous foiblesse, mon bel ange, la chose du monde qui me rend le plus heureux ? Non, non, j’en chéris la cause comme mon unique bien.

Mlle du Tron. — Mon auguste prince, ménagez donc la tendresse que vous avez pour moi, de crainte que Votre Majesté ne devienne malade, ce qui me mettroit au désespoir.