Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/233

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fort heureux sur ce chapitre ; car j’ai l’imagination fort sensible à échauffer de ce côté-là.

Mme de Maintenon. — Allez, allez, Monsieur, si votre sort avoit voulu vous faire cornu, vous auriez porté votre charge aussi bien que les autres ; rendez-en grâces à votre étoile qui vous a préservé de ce malheur, puisque vous l’appelez ainsi.

M. Bontems. — Quoi, Madame, vous n’estimez pas un malheur d’être cocu ?

Mme de Maintenon. — Non, Monsieur ; il y a tant d’honnêtes gens qui le sont, que rien n’est plus à la mode. Combien avons-nous de princes, de comtes et de ducs, qui ne se font pas un déshonneur de dire : ma mère fut autrefois la maîtresse du Roi, ou celle du Dauphin, ou celle de l’Empereur[1].

M. Bontems, s’éclatant de rire. — Sur ma foi, Madame, vous êtes admirable en raisons convaincantes ; les maris aux aigrettes n’ont qu’à venir chez vous pour recevoir des consolations sur la démangeaison de leur front ; mais quant à moi, toute la plus belle rhétorique du monde ne pourroit me persuader de bonheur de ce côté-là.

Mme de Maintenon. — Monsieur, changeons

  1. La duchesse de Chartres, Mme la duchesse (de Bourbon-Condé), et la princesse de Conti ajoutoient à leur nom légitimée de France. La princesse seule conserva cette addition, que les autres supprimèrent pour signer comme les princesses du sang. Elle ne perdoit point une occasion de faire sentir aux deux autres princesses qu’elle seule avoit une mère connue et nommée. (Mémoires de Saint-Simon, 1696.) — Elle assista à la mort de Mme de La Valière, et obtint du Roi la permission d’en porter le deuil.