Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/252

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sympathie qui nous force d’aimer ; pourquoi seroit-on surpris qu’un grand Roi comme le nôtre ait fait consister tout son bonheur dans la tendresse ? L’amour est la plus noble de toutes les passions, et sans lui la vie seroit fade et sans goût.

Mais il faut mettre une grande différence entre l’amour brutal et le raisonnable. Le premier fait peur et n’est point aimable, n’étant accompagné que du crime qui est affreux dans son être ; au contraire, l’amour honnête possède des charmes qui sont opposés aux manières du premier, qui ne consiste qu’en mille petits soins empressés, et mille services que l’on veut rendre à l’objet aimé. Il est vrai que les bornes qui séparent l’un et l’autre sont un peu délicates, et qu’il faut posséder l’indifférence, pour sa sûreté ; cependant, nous voyons tous les jours bien des personnes qui ont triomphé, par le secours de la vertu, des forces de l’amour, et, quoique cet enfant soit souvent robuste, il ne laisse pas d’être aimable quand la modestie l’accompagne, et l’on peut lui donner l’encens qui suit avec justice :

Est-il rien de si doux qu’une ardeur innocente

    renversé. — Le titre est donc justifié ; c’est bien le tombeau des Amours.

    Sur le devant du tombeau, on lit : « Hélas ! notre règne est fini ! » au bas de la gravure, ces quatre vers informes :

    Adieu, trop aimables amours
    Qui avez su me charmer si tendrement.
    Ah ! je ne sens plus pour vous
    L’ardeur qui me touchoit si vivement.

    De la main droite du Roi se déroule une bande avec ces mots : « Il est incomparable. »