Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/258

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fière et glorieuse faisoit bien connoître qu’il portoit le plus puissant héros de l’Univers ; un nombre infini de seigneurs et de personnes distinguées accompagnèrent Sa Majesté dans son voyage.

Le Roi étant de retour ne demeura pas longtemps sans trouver un tendre amusement. Mademoiselle de la Valière[1], fille de la maison de Madame, par une sympathie inconnue s’est fait aimer passionnément de ce Prince. La Valière qui n’étoit ni noble[2], ni belle, ni l’air fort charmant[3], mais infiniment de l’esprit et du brillant dans tout ce qu’elle disoit, ayant le cœur rempli de tendresse et de sincérité, ces dernières qualités ont enchaîné le plus fier et le plus superbe Prince de l’Europe sous ses lois, et lui ont fait dire souvent qu’il n’a jamais aimé personne avec tant d’ardeur.

Il est vrai[4] qu’elle aima le Roi par inclination plus d’un an avant qu’il la connût, et qu’elle disoit souvent en soupirant à une de ses amies, qu’elle voudroit qu’il ne fût pas d’un rang si élevé, et que la fortune l’eût fait naître berger. La raillerie que l’on en fit donna l’envie à notre Monarque de connoître l’aimable bergère qui lui souhaitoit au lieu de son sceptre

  1. Voy. t. II, passim ; la campagne des Pays-Bas est de 1667 ; les amours de Louis XIV avec Mlle de La Valière commencèrent en 1661.
  2. Sur sa noblesse, voy. t. II, pp. 27 et 33.
  3. Voy. t. II, p. 34.
  4. Tout le passage qui suit, jusqu’à : « Mlle de La Valière en parut affligée » p. 249, est la reproduction à peu près exacte de ce qu’on lit au t. II, dans le Palais-Royal ou l’Histoire de Mlle de La Valière.