Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/353

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en riant, mais non pas votre mérite. — Ah ! Sire, répondit la duchesse, j’en sais bien faire la différence. »

Notre Monarque auroit peut-être encore raisonné avec cette charmante, si madame de Maintenon, qui ne peut souffrir que le Roi caresse personne (quoi qu’indifféremment ce Prince le fasse quelquefois pour passer de méchants moments, ou pour faire diversion à l’embarras où Sa Majesté se voit aujourd’hui), ne l’eût interrompu par une lettre qu’elle présenta à Sa Majesté, du comte de Châteaurenaud[1], qui commandoit la flotte françoise, où il marquoit toutes les merveilles qu’un des vaisseaux que l’on appeloit l’Entreprenant faisoit ; ce qui donna un grand plaisir à ce Prince, et lui inspira la plus belle humeur du monde.

L’on fut à la chasse le jour suivant. Mademoiselle de Bourbon[2], qui est une des jolies

  1. François-Louis de Rousselet, comte de Châteaurenaud, étoit à cette époque un des quatre lieutenants-généraux des armées navales. En 1661, il étoit déjà enseigne de vaisseau ; en 1672, chef d’escadre ; grand’croix de l’ordre de Saint-Louis, à la création, il fut nommé maréchal de France en 1703, et mourut en 1716. Il eut un fils qui fut capitaine de vaisseau et chevalier de Saint-Louis. Le dernier fait d’armes maritime que rapporte de lui la Gazette, entre 1687 et 1703, consiste dans la part qu’il prend à la défaite des flottes anglaise et hollandaise sur les côtes d’Angleterre (Extraord. du 27 juillet 1690).
  2. Une des petites-filles du Grand Condé, née du prince Henri-Jules et d’Anne de Bavière, seconde fille d’Edouard de Bavière, prince palatin du Rhin et d’Anne de Gonzague ; deux princesses portèrent ce nom : l’une étoit Marie-Thérèse, née en 1666, mais qui étoit mariée à cette époque, puisqu’elle épousa, le 29 juin 1688, le prince de Conti ; l’autre étoit Anne-Louise-Benedicte de Bourbon, née le 8