Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

suis las de tant languir, annonce-moi bientôt la vie ou la mort. — Je ne vous annoncerai ni l’un ni l’autre, lui dit La Feuillade ; je dirai seulement au plus grand Roi du monde, ce qu’on rapporte d’Alexandre le Grand, sur le point d’exécuter une entreprise très-difficile : qu’il avoit trouvé un péril digne de lui. Je dis aussi la même chose à Votre Majesté. En fait d’amour, vous n’avez trouvé jusques ici que des places foibles, qui se sont rendues sans résistance, et qui vous ont d’abord ouvert les portes ; les plus cruelles se sont soumises à vous avec la même facilité que les villes se rendoient au conquérant de l’Asie, ou, pour faire la comparaison plus juste, avec le même succès qu’elles se rendent à Votre Majesté. Mais voici une place forte où il faut employer toutes les ruses et toutes les forces de l’amour ; en un mot, Sire, c’est une conquête digne de vous. »

    Majesté a eu pris sa robe de chambre, et qui se tiennent à la porte pour l’ouvrir ou la fermer, ce que nul autre ne peut faire, demandent alors au grand chambellan ou à celui des quatre premiers gentilshommes de la chambre qui est de service, quelles sont, parmi les personnes de condition présentes, celles qu’il peut faire entrer. Après cette première admission de gentilshommes favorisés, le maître de la garde-robe met au Roi son pourpoint, lui présente ses mouchoirs, ses gants, et enfin son manteau et son épée, s’il les veut prendre ; s’il veut sortir sans épée ni manteau, l’épée est remise à l’écuyer, le manteau au porte-manteau ; enfin s’il ne veut ni son épée ni son manteau, on les laisse à la garde-robe. C’est quand le Roi est habillé que l’huissier, le sieur de Rassé, par exemple, laisse entrer toute la noblesse à son choix, et selon le discernement qu’il fait des personnes plus ou moins qualifiées.