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petit jap deviendra grand !

uns parfois m’offusque, la veulerie des autres m’indispose et m’irrite. Je commence moi-même à subir l’influence déprimante de cette terre paresseuse et endormie ; l’air qu’on y respire vous inocule une indéfinissable mollesse. Au contact pernicieux de ces êtres inertes je deviens sans énergie et sans ressort, le mouvement me fatigue, la chaleur m’accable ; mon esprit lui-même s’alourdit et s’endort. Je veux réagir et je ne le peux, ma volonté s’est émoussée et je me sens impuissant et flasque. J’en veux à moi-même de me sentir ainsi, j’en veux à ce pays, à ses habitants, furieusement, parce qu’ils me font souffrir. Mais que leur importent mes malédictions ou mes souffrances, à ces êtres d’une aussi crispante irréalité ? Ont-ils l’air seulement de se douter que je suis là et que j’existe ! Accroupis dans une pose bouddhique, silencieux et tous figés dans la même torpeur béate, la longue pipe aux dents, qui s’y éteint et qui s’y éternise, ils ne voient et n’entendent rien de tout ce qui autour d’eux