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à travers tshushima

mes articulations douloureuses déjà me promettent une trop horrible nuit de supplice. La difficulté de la retraite retarde cependant ma décision hésitante. En effet, tous ces corps à franchir, ces petits pieds que je puis écraser et ces chignons fragiles sur lesquels un coup de roulis malchanceux peut me faire écrouler ; au surplus, ma valise sert de plateau commode à ce groupe qui fait la dînette et mes épaules sont un dossier pratique aux deux mousmés endormies derrière moi.

Finalement, mon lâche égoïsme l’emporte sur la pensée des perturbations probables. Je me lève et j’ai le bonheur d’atteindre la porte sans trop d’œillades irritées. Mes souliers que je croyais enfouis sous l’amoncellement des socques de bois ou de paille sont à l’écart accolés seulement à une paire japonaise minuscule qui en souligne malicieusement la ridicule longueur. Je suis le seul Occidental et c’est naturel que l’on me brime ; d’ailleurs je ne songe nullement à m’en offusquer puisque en la circonstance