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HEURES DE PARESSE.

larmes, en voyant ainsi se briser nos espérances et notre amour, crois-moi, fille adorée, ce cœur saignait d’une blessure non moins profonde que la tienne.

Mais quand la douleur enflammait nos joues, quand tes lèvres charmantes pressaient les miennes, les pleurs qui coulaient de mes yeux étaient absorbés dans ceux que répandaient les tiens.

Tu ne pouvais sentir ma joue brûlante. Le torrent de tes larmes en avait éteint la flamme ; et lorsque ta langue essayait de parler, ce n’était que par des soupirs qu’elle articulait mon nom.

Et cependant, jeune fille, c’est en vain que nous pleurons, en vain que nous exhalons nos plaintes par des soupirs ; les souvenirs seuls doivent nous rester, et ils ne feront que redoubler nos pleurs.

Adieu encore, ô ma plus aimée ! Ah ! si tu le peux, étouffe tes regrets ; que ta pensée ne s’arrête pas sur nos joies passées. Tout notre espoir est dans l’oubli.



À CAROLINE.

Quand je t’entends exprimer une affection si vive, ne pense pas, ma bien-aimée, que je n’ajoute pas foi à tes paroles : tes lèvres désarmeraient le plus soupçonneux des mortels, et dans tes yeux brille un rayon qui ne saurait tromper.

Et pourtant mon cœur épris, tout en t’adorant, songe avec douleur que l’amour, comme la feuille, doit se faner un jour ; que la vieillesse viendra, et qu’alors, les larmes aux yeux, nous contemplerons à travers le voile des souvenirs les scènes de notre jeunesse ;

Qu’un temps viendra où les boucles de ta chevelure perdront leur couleur éclatante et flotteront plus rares au souffle de la brise, alors qu’il ne restera de ces tresses que quelques cheveux blancs, signe douloureux des infirmités de l’âge et du déclin de la nature.

C’est là, ma bien-aimée, ce qui rembrunit mes traits. Loin de moi cependant d’accuser d’injustice cette loi su-