Page:Byron - Œuvres complètes, trad. Laroche, II.djvu/11

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Plongé dans mes méditations, je cherchais, à l’aide de ces débris du naufrage de la Grèce, à ranimer les souvenirs de sa race vaillante, quand soudain une forme gigantesque s’avança devant moi, et Pallas m’aborda dans son temple.

Oui, c’était Minerve elle-même, mais combien différente de ce qu’elle était lorsqu’elle parut en armes dans les champs dardaniens ! Elle n’était plus telle que par son ordre elle apparut sous le ciseau de Phidias : les terreurs de son front redoutable avaient disparu ; son inutile égide ne portait plus de Gorgone ; son casque était bosselé, et sa lance brisée semblait faible et inoffensive même à des yeux mortels. La branche d’olivier qu’elle daignait tenir encore se flétrissait sous le contact de sa main ; ses grands yeux bleus, les plus beaux encore de l’Olympe, étaient baignés de célestes pleurs ; son hibou voltigeait lentement autour de son casque endommagé, et joignait ses cris lugubres à la douleur de sa maîtresse.

« Mortel, » me dit-elle, « la rougeur qui couvre ton visage m’annonce que tu es Anglais, nom autrefois glorieux d’un peuple le premier en puissance et en liberté, descendu aujourd’hui dans l’estime du monde, mais surtout dans la mienne ; désormais on trouvera Pallas à la tête de ses ennemis. Veux-tu savoir le motif de ces mépris ? jette les yeux autour de toi. Ici, survivant à la guerre et à l’incendie, j’ai vu expirer successivement plusieurs tyrannies. Échappée aux ravages des Turcs et des Goths, il a fallu que ton pays envoyât ici un spoliateur qui les surpassât tous. Regarde ce temple vide et profané : compte les débris qui lui restent encore ; ceux-ci furent placés par Cécrops ; ceux-là furent ornés par Périclès ; ce monument fut élevé par Adrien, aux jours de la décadence de l’art. J’ai d’autres obligations encore attestées par ma gratitude : — sache qu’Alaric et Elgin ont fait le reste. Afin que personne n’ignore de quel pays est venu le spoliateur, le mur indigné porte son nom odieux ; ainsi c’est Pallas reconnaissante qui protège la gloire d’Elgin : là-bas est son nom, là-haut tu vois son ouvrage. Ici, que les mêmes honneurs soient décernés au monarque des Goths et au pair