Page:Byron - Œuvres complètes, trad. Laroche, III.djvu/38

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L’abbé. Et moi je réponds : — Jamais ! — je veux livrer combat à ce démon. — Que fait-il ici ?

Manf. Mais — oui, effectivement, — que fait-il ici ? — je ne l’ai pas envoyé chercher ; — il est venu sans mon ordre.

L’abbé. Hélas ! homme perdu ! quels rapports peux-tu avoir avec de pareils hôtes ? Je tremble pour toi. Pourquoi ses regards se fixent-ils sur toi et les tiens sur lui ? Ah ! le voilà qui laisse voir son visage ; son front porte encore les cicatrices qu’y laissa la foudre ; dans ses yeux brille l’immortalité de l’enfer ! — Arrière ! —

Manf. Parle, — quelle est ta mission ?

L’espr. Viens !

L’abbé. Qui es-tu, être inconnu ? Réponds ! — Parle !

L’espr. Le génie de ce mortel. — Viens, il est temps !

Manf. Je suis préparé à tout, mais je ne reconnais pas le pouvoir qui m’appelle. Qui t’envoie ici ?

L’espr. Tu le sauras plus tard. — Viens, viens !

Manf. J’ai commandé à des êtres d’une essence bien supérieure à la tienne ; je me suis mesuré avec tes maîtres. Va-t’en.

L’espr. Mortel ! ton heure est venue ; — partons, te dis-je !

Manf. Je savais et je sais que mon heure est venue ; mais ce n’est pas à un être tel que toi que je rendrai mon âme ; arrière ! je mourrai seul, ainsi que j’ai vécu.

L’espr. En ce cas, je vais appeler mes frères. — Paraissez ! (D’autres esprits s’élèvent.)

L’abbé. Arrière, maudits ! — arrière, vous dis-je ! — là où la pitié a autorité vous n’en avez aucune, et je vous somme au nom…

L’espr. Vieillard ! nous savons ce que nous sommes, nous connaissons notre mission et ton ministère ; ne prodigue pas en pure perte tes saintes paroles, ce serait en vain : cet homme est condamné. Une fois encore je le somme de venir. — Partons ! partons !

Manf. Je vous défie tous ; — quoique je sente mon âme prête à me quitter, je vous défie tous ; je ne partirai pas d’ici tant qu’il me restera un souille pour vous exprimer mon mé-