de flamme informe, une comète vagabonde, une malédiction, une menace suspendue sur l’univers, continuant à rouler par sa propre force, sans sphère, sans direction, brillante difformité du firmament, monstruosité dans les régions du ciel ! Et toi, qui es né sous son influence, — toi, vermisseau auquel j’obéis et que je méprise, — un pouvoir qui n’est pas le tien, mais qui t’a été prêté pour me soumettre à toi, me force de descendre un instant en ce lieu, confondu avec ces génies pusillanimes qui baissent le front devant toi, et de m’entretenir avec un être aussi chétif que toi. — Fils de la poussière, que veux-tu de moi ?
Les sept génies. La terre, l’océan, l’air, la nuit, les montagnes, les vents, ton étoile, attendent tes ordres, fils de la poussière ; à ta demande tous ces génies sont devant toi : — que veux-tu de nous, fils des mortels ? — Parle !
Manf. L’oubli. —
Le premier génie. De quoi ? — de qui ? — et pourquoi ?
Manf. De ce qui est au-dedans de moi ; lisez-le là ; vous le savez, et je ne puis le dire.
Le génie. Nous ne pouvons te donner que ce que nous possédons. — Demande-nous des sujets, le souverain pouvoir, l’empire d’une partie de la terre ou de sa totalité, ou un signe par lequel tu puisses commander aux éléments sur lesquels nous régnons ; chacune de ces choses, ou toutes ensemble, deviendront ton partage.
Manf. L’oubli, l’oubli de moi-même. — Ne pouvez-vous pas, de tous ces royaumes cachés que vous m’offrez avec tant de profusion, m’extraire ce que je demande ?
Le génie. Cela n’est point dans notre essence, dans notre pouvoir. Mais tu peux mourir.
Manf. La mort me le donnera-t-elle ?
Le génie. Nous sommes immortels, et nous n’oublions pas ; nous sommes éternels, le passé nous est présent aussi bien que l’avenir. Tu as notre réponse.
Manf. Vous vous raillez de moi ; mais le pouvoir qui vous a amenés ici vous a mis à ma disposition. Esclaves ! ne vous jouez pas de ma volonté ! L’âme, l’esprit, l’étincelle de Pro-