Page:Byron - Œuvres complètes, trad Paris, 1830.djvu/105

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faire cesser) assure que la grand’mère de Donna Julia dut à l’amour plutôt qu’à l’hyménée les héritiers de son mari.

59. Quoi qu’il en puisse être, cette famille alla toujours en embellissant jusqu’à ce qu’elle se concentra dans un seul fils qui laissa une fille unique. Mon récit sans doute a déjà fait deviner que cette fille unique ne peut être que Julia (dont je vais avoir l’occasion de parler long-tems). Elle était mariée, charmante, chaste, et âgée de vingt-trois ans.

60. Ses yeux (je suis fou des beaux yeux) étaient grands et noirs : elle en adoucissait la vivacité lorsqu’elle était silencieuse ; mais quand elle parlait il y avait dans leur expression, en dépit de ses charmans efforts, plus de noblesse que de courroux et plus d’amour que de tout autre chose. On découvrait sous ses paupières un sentiment qui n’était pas le désir, mais peut-être le serait-il devenu si son ame, en se peignant dans ses yeux, ne les eût ainsi rendus le siége de la chasteté.

61. Ses cheveux polis étaient rassemblés sur un front brillant de génie, de douceur et de beauté ; l’arc de ses sourcils semblait modelé sur celui d’Iris ; ses joues, colorées par les rayons de la jeunesse, avaient quelquefois un éclat transparent, comme si dans ses veines eût circulé un fluide lumineux. En un mot, elle était douée d’une figure et d’une grâce vraiment singulières. Sa taille était élevée. — Je hais les femmes exiguës.