Page:Byron - Œuvres complètes, trad Paris, 1830.djvu/111

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de refuser. Je conseille aux jeunes dames d’en faire l’épreuve.

79. D’ailleurs, il est des sentimens semblables à l’amour divin, ravissans, immaculés, purs et sans mélange, aussi déliés que la pensée des anges, et des matrones qui les prennent le plus pour modèles. Il existe un amour platonique, parfait, « tel enfin que le mien. » Ainsi parlait Julia ; ainsi vraiment pensait-elle, et ainsi l’aurais-je pensé, si j’eusse été l’objet de ses célestes rêveries.

80. Un tel amour est innocent ; il peut unir un jeune couple sans danger. On peut baiser une main, puis même une lèvre : pour moi, je suis étranger à ces procédés-là ; mais écoutez ! Ces libertés sont les dernières qu’un amour semblable puisse permettre ; si l’on va plus loin, on commet un crime. Ce ne sera pas ma faute, je les en avertis bien à tems.

81. L’innocent projet de Julia fut donc de conserver l’amour, mais l’amour dans ses bornes convenables, en faveur du jeune Don Juan. Celui-ci, dans l’occasion, pourrait en faire son profit ; nourri d’une flamme trop pure pour jamais perdre de sa divine ardeur, avec quelle douce persuasion l’amour et elle-même lui apprendraient — je ne sais vraiment quoi, et Julia non plus.

82. Forte de ces belles intentions, et ayant armé contre toutes les épreuves la pureté de son ame, persuadée qu’à l’avenir elle serait invincible, et que son honneur était un rocher ou une digue inattaquable,