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Page:Byron - Œuvres complètes, trad Paris, 1830.djvu/136

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la jeunesse, la beauté ne le touchaient que faiblement : quant aux dénégations, il lui fallait des témoignages faux, mais juridiques, pour qu’il y ajoutât foi.

161. Cependant Don Alphonso, les yeux baissés, faisait, il faut le dire, une triste figure ; après avoir cherché de cent côtés, et traité si durement une jeune femme, il n’en était pas plus avancé ; seulement il sentait des reproches intérieurs se joindre à ceux que son épouse venait de lui prodiguer pendant une demi-heure, aussi vifs, aussi serrés, aussi cuisans qu’une pluie d’orage.

162. D’abord il essaya de bégayer une excuse ; on ne lui répondit que par des pleurs, des sanglots et les préludes d’une attaque de nerfs, lesquels sont toujours certaines douleurs, des palpitations, des étouffemens, et ce que les patientes choisissent de préférence. Alphonso vit sa femme et se rappela celle de Job ; il vit encore en perspective tous les parens de Julia indignés, et il jugea plus à propos de ne pas perdre patience.

163. Il fit mine de vouloir parler, ou plutôt balbutier ; mais avant de s’être exposé à servir encore d’enclume au marteau de sa femme, la sage Antonia vint l’arrêter, en lui disant : « Monsieur, je vous en prie, quittez cette chambre, et ne dites pas mot, ou madame va mourir. — Qu’elle aille au diable ! » murmura Alphonso ; mais rien de plus : le moment de parler était passé. Il lança un ou