Page:Byron - Œuvres complètes, trad Paris, 1830.djvu/177

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ainsi que l’Argo, premier vaisseau corsaire des Grecs.

67. Mais l’homme est une créature carnivore ; il lui faut de la nourriture, au moins une fois le jour. Il ne vit pas en suçant comme les bécasses ; et comme les tigres et les requins, il a besoin de proie. Quoiqu’il puisse bien, tout en murmurant, se nourrir de végétaux dont sa construction anatomique lui permet l’usage, il trouvera toujours le bœuf, le veau et le mouton d’une digestion moins laborieuse.

68. Ainsi pensait notre troupe désolée. Le troisième jour, il survint un calme qui d’abord ranima leurs forces, et s’étendit comme un baume sur leur fatigue ; ils s’endormirent, balancés comme les tortues sur l’azur de l’Océan ; mais quand ils se réveillèrent, ils éprouvèrent une défaillance de cœur, et tombèrent sur leurs provisions avec voracité, au lieu de mettre tous leurs soins à les conserver.

69. On en prévoit aisément la conséquence. — Ils mangèrent tout ce qu’ils avaient ; ils burent leur vin en dépit de toutes les remontrances, puis le lendemain de quoi se nourriront-ils, les insensés ! Ils comptaient que le vent se lèverait et les conduirait à bord. Belles espérances sans doute ; mais comme ils n’avaient plus qu’une rame, et si fragile encore, ils eussent fait plus sagement de conserver leurs provisions.