Page:Byron - Œuvres complètes, trad Paris, 1830.djvu/199

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à celles qu’on trouve dans la narration de mon grand-père[1].

138. Il n’en était pas ainsi d’Haidée : elle s’agitait péniblement, tombait de son lit ; puis, s’éveillant en sursaut, elle se retournait, rêvait de mille infortunés qu’elle venait à rencontrer, et de beaux corps étendus sans vie sur le rivage. Elle éveilla sa suivante de si bonne heure, que celle-ci ne put s’empêcher de murmurer : elle appela les vieux esclaves de son père, qui répondirent par des jurons en grec, en turc, en arménien, — et qui ne concevaient rien à semblable fantaisie.

139. Mais elle se leva, et les fit tous lever en leur alléguant le soleil qui embellit tant les cieux quand il se lève, ou qu’il se couche. Réellement il est beau de voir s’élancer le brillant Phébus, quand la rosée humecte encore les montagnes, quand les oiseaux se réveillent avec lui, et quand la nuit est rejetée comme un vêtement de deuil porté pour un mari, ou quelqu’autre brute.

140. Je le répète, il n’y a rien de beau comme l’aspect du soleil ; j’ai souvent assisté à son lever, et dernièrement encore, pour ne pas le manquer, je suis resté debout toute la nuit ; ce qui, si l’on en

  1. Le commodore John Byron, qui accompagna Georges Anson dans son voyage autour du monde, et fit naufrage au nord du détroit de Magellan. Le récit qu’il a fait de ce naufrage est populaire en Angleterre ; mais, n’en déplaise à son petit-fils, celui de Don Juan est encore plus effroyable et plus touchant.