Page:Byron - Œuvres complètes, trad Paris, 1830.djvu/246

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Cependant la dame et son amant présidaient au festin, dans tout l’éclat de leur beauté : une table incrustée d’ivoire était placée devant eux et entourée d’une foule de beaux esclaves. Les pierreries, l’or et l’argent formaient la matière de la vaisselle, les vases les moins précieux étaient de nacre et de corail.

62. Cent plats environ composaient le dîner : de l’agneau aux noix de pistaches, — en un mot toute espèce de mets ; des soupes au safran, des friandises, des poissons les plus beaux qu’eussent jamais renfermés des filets ; le tout accommodé au-delà des vœux du plus délicat sibarite : les boissons consistaient en sorbets variés de raisin, d’orange et de jus de grenade exprimé à travers les pores de l’écorce, ce qui ajoute encore à leur saveur.

63. Ces rafraîchissemens étaient disposés autour de la salle, dans leurs carafons de cristal : des fruits, des gâteaux de datte terminèrent le repas, qui fut aussitôt remplacé par la fève du plus pur moka, servie dans de petites coupes de la Chine ; sous elles, et pour empêcher la main de se brûler, étaient des tasses en filigrane d’or ; dans le café on avait fait bouillir des clous de girofle, de la canelle et du safran ; mais (à mon goût) cela lui enlevait de sa qualité.

64. Les tentures de la salle étaient une tapisserie formée de pans de velours diversement peints, et brochés en fleurs de soie damassée ; une bordure jaune les enveloppait, et celle du haut, richement travaillée, déployait en lettres-lilas, brodées délicatement en bleu,