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LE VAMPIRE.

la déplorable situation de son frère, il réussit à captiver son cœur. Qui, en effet, aurait pu résister à ses pouvoirs de séduction ? Sa langue insinuante avait tant de fatigues, de dangers inconnus à raconter ; il pouvait avec tant d’apparence de raison, parler de lui-même comme d’un être tellement différent du reste du genre humain, et n’ayant de sympathie qu’avec elle seule : il avait tant de motifs plausibles pour prétendre que ce n’était que depuis qu’il pouvait savourer les délices de sa voix charmante, qu’il commençait à perdre cette insensibilité pour l’existence qu’il avait dénotée jusqu’alors : enfin, il savait si bien mettre à profit l’art dangereux de la flatterie, ou du moins tel était l’arrêt de la destinée, qu’il conquit toute sa tendresse. Dans ce même temps l’extinction d’une branche aînée, lui transmit le titre de comte de Marsden ; et dès que son union avec miss Aubrey fut convenue, il prétexta des affaires importantes qui l’appelaient sur le continent, pour presser la cérémonie, nonobstant l’état affligeant du frère, et il fut décidé que son départ aurait lieu