Page:Byron - Le vampire, trad Faber, 1819.djvu/7

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
v
INTRODUCTION.


Frémis ! nouveau Vampire envoyé sur la terre,
En vain, lorsque la mort fermera ta paupière,
À pourrir dans la tombe on t’aura condamné,
Tu quitteras la nuit cet asile étonné.
Alors, pour ranimer ton cadavre livide,
C’est du sang des vivants que ta bouche est avide ;
Souvent, d’un pas furtif, à l’heure de minuit,
Vers ton ancien manoir tu retournes sans bruit ;
Du logis à ta main déjà cède la grille,
Et tu viens t’abreuver du sang de ta famille,
L’enfer même, à goûter de cet horrible mets,
Malgré sa répugnance oblige ton palais.
Tes victimes sauront à leur heure dernière
Qu’elles ont pour bourreau leur époux ou leur père !
Et, pleurant une vie éteinte avant le temps,
Maudiront à jamais l’auteur de leurs tourments :
Mais non, l’une plus douce, et plus jeune et plus belle,
De l’amour filial le plus parfait modèle,
Celle de tes enfants que tu chéris le mieux ;
Quand tu t’abreuveras de son sang précieux,
Reconnaîtra son père au sein de l’agonie,
Et des plus tendres nous paiera sa barbarie.
Cruel comme est ton cœur, ces noms l’attendriront ;
Une sueur de sang coulera de ton front ;
Mais tu voudras en vain sauver cette victime,
Elle t’est réservée, ainsi le veut ton crime !
Desséchée en sa fleur, par un funeste accord,
Elle te dut sa survie et te devra sa mort !
Mais du sang des vivants cessant de te repaître,
Dès que sur l’horizon le jour est prêt à naître,
Grinçant des dents, l’œil fixe, en proie à mille maux,
Tu cherches un asile au milieu des tombeaux :