TREIZE À TABLE
Dieu ! mes amis, nous sommes treize à table,
Et devant moi le sel est répandu.
Nombre fatal ! présage épouvantable !
La mort accourt ; je frissonne éperdu. (ter.)
Elle apparaît, esprit, fée ou déesse ;
Mais, belle et jeune, elle sourit d’abord. (bis.)
De vos chansons ranimez l’allégresse ;
Non, mes amis, je ne crains plus la Mort.
Bien qu’elle semble invitée à la fête,
Qu’elle ait aussi sa couronne de fleurs,
Seul je la vois, seul je vois sur sa tête
D’un arc-en-ciel resplendir les couleurs.
Elle me montre une chaîne brisée,
Et sur son sein un enfant qui s’endort.
Calmez la soif de ma coupe épuisée ;
Non, mes amis, je ne crains plus la Mort.
« Vois, me dit-elle ; est-ce moi qu’il faut craindre ?
« Fille du ciel, l’Espérance est ma sœur.
« Dis-moi, l’esclave a-t-il droit de se plaindre
« De qui l’arrache aux fers d’un oppresseur ?