Page:Cérésole - En vue de l’Himalaya.djvu/110

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bœufs. L’autre jour, Bassudeo a délogé, en creusant une rigole à côté de moi, un petit serpent noir ; moi, je n’ai trouvé jusqu’ici que deux grands mille-pieds jaunes et rouges de onze et douze centimètres de longueur, presque aussi longs que ceux des îles Hawaï. Ils ne sont pas dangereux, mais leur morsure est très douloureuse. Un de nos paysans a été mordu par un de ces mille-pieds entre deux orteils et il a fallu l’envoyer à l’hôpital de Muzzafarpur.


Le Holi.

Nous avons passé, ces jours, le plus grand festival hindou, le « Holi », célébrant je ne sais quelle victoire mythique et symbolique du Dieu Krishna. Jusqu’à maintenant, je n’ai pas réussi à m’intéresser sérieusement aux fantastiques et insipides événements de la mythologie hindoue. Fêtés religieusement, ils paraissent surtout fournir aux villageois une occasion de faire une musique infernale, tous les soirs pendant une semaine, avec leurs tambours et leurs cymbales et avec des vociférations discordantes.

Hier, mercredi 20 mars, le jour suprême du Holi, c’étaient, dès 5 heures du matin, un roulement continu de tambourins et de cris proches ou lointains sur tout le pourtour de l’horizon. Toute la plaine tapait, sonnait, trépidait. Ces jours-là les gens semblent boire beaucoup de « todee » et, sur la route, le nombre des braillards avinés augmente considérablement. Hier, chacun, à Muzzafarpur surtout où les gens ont encore quelques sous, se procurait de la poudre colorée cramoisie, rose, jaune ou bleue ; on se sert de ces couleurs comme chez nous de « confetti » en se les jetant dans la figure, dans les cheveux et sur les habits les uns des autres. C’est très amusant de voir tous ces saris et