Page:Cérésole - En vue de l’Himalaya.djvu/16

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ces physionomies, toutes ces maisons, tous ces arbres sont différents de tout ce qu’on connaît, et profondément différents les uns des autres.

Nous arrivons au palais de M. Desai au bord de l’Océan.

M. Bulabhai Desai lui-même est en tournée électorale préparant les élections à l’Assemblée législative qui doivent avoir lieu dans quelques jours. Tout le monde est encore sous l’impression du Congrès qui vient de se terminer à Bombay. 2 500 délégués y ont participé, discutant devant un public de 40 à 50 000 personnes. Les opinions les plus diverses sont exprimées sur les résultats.

Dirajlal Desai, se plaçant au point de vue pittoresque, nous dit : « Vous arrivez huit jours trop tard. C’était un spectacle extraordinaire ». Mais la remarque par laquelle Mathura Prasad (mon bon guide de ce printemps) devait nous accueillir quelques jours plus tard à Patna : « Vous arrivez juste au moment psychologique — in the nick of time — », est plus juste. La retraite de Gandhi voulue, paisible, calculée avec ses amis (qui pourtant ne le suivent pas dans cette retraite) produit un effet extraordinaire. Chacun sent qu’il ne s’agit pas de politique comme on en fait tous les jours. Rajendra Prasad, actuellement président du Congrès (et qui loge au moment où j’écris dans la chambre à côté de la nôtre) nous donnait l’explication la plus intelligible : Mahatmaji sent que, s’il restait membre du Congrès et continuait à participer à ses assemblées, sa présence seule continuerait à amener (mécaniquement et extérieurement en quelque sorte) des décisions qui ne correspondent pas à la conviction profonde, à la volonté et aux sentiments actuels réels de la majorité du Congrès. En laissant ses amis les plus intimes dans le Congrès, Gandhi peut bien espérer que l’Esprit qui lui paraît devoir régner continuera à mani-