Page:Cérésole - En vue de l’Himalaya.djvu/18

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Et l’impression de celui qui lisait les critiques était : « Donc on n’acceptera pas cette proposition et par conséquent Gandhi devra s’en aller ». En fait — et rien ne mesure mieux l’erreur qu’on commet en appliquant à ces choses l’échelle politique ordinaire : 1. Gandhi est parti — pour des raisons plus profondes qu’un incident de séance ou une mise en minorité, et 2. la mesure « impossible » a été acceptée.

On a beaucoup parlé de cette mesure. Pour nous, elle a une importance et une valeur particulières. Au moment où, de tous côtés, on nous dit : « Jamais vous ne pourrez travailler manuellement avec des coolies hindous… personne n’y comprendrait rien… » il se trouve que le parti représentant la vie nationale des Indes prend une décision ébouriffante, et dans une assemblée politique proclame précisément la vérité même que nous voulons, entre autres, marquer.

On précise : Gandhi se retire à Wardha et là, dans l’espace d’un mois, il espère mettre sur pied une organisation qui, en deux ans, doit transformer et reconstruire la vie économique des villages. On étudiera d’abord l’élevage du bétail et la fabrication des paniers etc.

Il est assez remarquable qu’en ignorant tout de cet effort, nous arrivions à ce moment précis en disant : « Envoyez-nous dans un village quelconque du Bihar pour y faire avec les paysans quoi que ce soit qui vous paraîtra utile », — sans la moindre notion que toute l’attention politique des Indes se trouvait, à la surprise des vieux routiers de la politique, tourner précisément autour de la même pointe. En tout cas, rien de plus facile de faire comprendre ce que nous voulons dans ce pays ; non seulement plus facile qu’en Perse ou en Égypte, mais infiniment plus facile que sur la place Saint-François à Lausanne. Tout cela est si naturel