pant un peu, je signale notre propre expérience aussi concluante que possible. Lorsque, à la réunion sous l’arbre de Sonathi, le mardi 20 novembre, à la nuit tombée, nous proposions aux paysans du village de commencer le travail sur la route le lendemain, P. me demande : « Quel salaire proposez-vous ? » Je réponds : « Un salaire assez bon pour qu’ils soient tous contents, — pas trop haut afin que tous ne se précipitent pas vers nous pour l’unique raison que nous payons beaucoup mieux que d’autres ». Là-dessus P. annonce qu’ils recevront chacun 2 annas (14,2 centimes) pour la journée normale en cette saison de sept heures de travail. Non seulement tous approuvent en parole — mais le lendemain, alors que nous avions demandé vingt hommes, il y en avait trente-cinq qui se sont mis au travail et il y en aurait eu plus encore si nous avions engagé tous ceux qui se sont présentés. Ils ont réagi à l’offre de 2 annas exactement comme cela devrait être si le salaire ordinaire est de 1 1/2.
Je reprends mon histoire. Arrivé aux huttes du Centre de Sonathi qui couronnent les murs du réservoir, nous pouvons admirer dans le coucher du soleil la plaine immense qui s’étend de tous les côtés, à l’infini, sauf aux points où l’horizon se heurte à des groupes de palmiers, à de petits boqueteaux d’arbres plus denses ; au loin, dans les arbres, les pauvres huttes en boue, bambous et roseaux du village de Sonathi — les champs labourés, coupés par la route — une route secondaire — (de dixième classe à en juger par son entretien actuel) mais parcourue de la première heure du matin jusqu’après le coucher du soleil par de très nombreux groupes de paysans et paysannes. Le Centre comprend P., sa femme qui fait la cuisine pour tous, ses trois fillettes, le jeune médecin indien, trois ou quatre jeunes volontaires indiens et quatre ou cinq serviteurs-coolies.