Page:Cérésole - En vue de l’Himalaya.djvu/45

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ment bizarre des chacals qu’on ne voit jamais, — j’ai cru en voir un filer devant l’auto, mais ça avait plutôt l’air d’un renard, — de bonne heure le matin, un singulier oiseau qui pourrait bien être « the laughing bird » (l’oiseau qui rit). Puis entre les immenses nappes lumineuses du ciel et le reflet dans l’eau de la vaste citerne, des vols sans fin et silencieux de corbeaux. De temps en temps, un grand triangle de canards sauvages passe dans le ciel. Tout autour, sautillant à toutes les heures, l’éternel « miner bird ». De tous côtés dans la campagne des oiseaux aquatiques de toutes descriptions : de vastes étendues d’eau et personne qui les inquiète. Comme une neige au sommet d’un grand arbre, toute une troupe de « Bogula », des hérons. Perché sur un grand arbre mort isolé, un vautour solitaire et, posés sur les branches du même arbre mort, tout gris, quatre ou cinq petits paquets verts… qui sont des perroquets.

Mais la plaine vit, et pas seulement de la vie des animaux ; cette région est très peuplée. Si on prête l’oreille déjà avant le lever du soleil, de tous les côtés il vous vient, des villages à peine visibles le jour dans le feuillage, des bruits de voix, de rire, des bouts de chants. Incroyable que dans ce pays de misère noire on chante positivement, le soir et le matin, plus qu’on ne chante dans nos campagnes. La plaine entière est doucement bruissante et sonnante de lointaines voix humaines.

Souvent le soir les chiens, ces affreux chiens maigres et galeux, font aussi leur concert.

Ai-je dit le mystère qui m’intrigue ? Sonathi est un de ces endroits, comme j’en ai vu plusieurs depuis, posés au bord d’une eau stagnante où théoriquement on devrait être dévoré de moustiques et où il n’y en a pas un. Cela vaudrait la peine de chercher pourquoi. Les nuits sont fraîches, mais