part vivront pendant les mois de pluie et d’inondation où il est à peu près impossible de sortir de chez soi.
De Rampur Hari, nous avons passé dans toute une série de villages aux noms sonores. Il y en a, il y en a ! et je suis oppressé par la vision de ces pauvres huttes en roseaux et bambous, rapidement édifiées tant bien que mal sur les débris d’une vraie maison (en boue !) dont la boue sert maintenant à relever le sol d’un ou deux pieds, de manière que leur hutte nouvelle se trouve un peu moins exposée à l’inondation. Un spectacle de lutte et de misère infinies supportées avec une résignation qui tour à tour vous émerveille et vous exaspère. Tous ces villages sont assis dans leur baquet, assis dans leurs rizières, sous leurs bananiers, leurs touffes de bambous et de palmiers qu’on s’étonne de voir vivre ainsi, la tête dans un soleil ardent, et les pieds dans l’eau. Aussi ne vivent-ils pas longtemps dans ces conditions ; les bambous, assez rapidement, les palmiers, plus lentement finissent par périr. On les voit tout bruns et tout séchés, — ce qui paraît paradoxal à cause de cette eau.
Certains de ces villages sont encore accessibles à pieds secs… c’est-à-dire en ôtant seulement de temps à autre ses chaussures pour passer un fossé ou un bas-fond. Pauvres pistes qui passent à travers les cultures, les champs ensemencés et les récoltes sur pied. On sent là une sorte de mépris, de manque d’égards pour le labeur d’autrui. Personne ne proteste : « Que voulez-vous, c’est la vie ! on est obligé de se marcher sur les pieds les uns des autres ». Voilà, semble-t-il, l’attitude générale. La piste passe parfois sur l’étroite bordure en saillie entre deux champs inondés, bordure de dix centimètres de large… exercice d’acrobatie assez agaçant. On préférerait marcher dans l’eau, mais j’ai mis mes souliers en toile blanche (blanche il y a quelques semai-