Page:Cérésole - En vue de l’Himalaya.djvu/65

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au-dessus du sol, à deux folioles séparées d’une même feuille d’un grand palmier. Tout ça est calculé au plus pratique et au plus juste et toute une série de problèmes de constructions se posent du premier coup : comment ce petit oiseau arrive-t-il d’abord à rapprocher et à lier, pour plus de stabilité, les extrémités de ces deux folioles étalées à une certaine distance l’un de l’autre ? Il faut que le travail soit bien fait, autrement le moindre coup de vent précipitera toute la famille dans le vide et ça finira par une omelette horrible. Une fois les feuilles liées, il y suspend le sommet d’un cône abondamment et douillettement rembourré de filaments de palmiers desséchés ; le sommet du cône ainsi rempli forme un toit épais, d’autant plus impénétrable aux plus fortes pluies qu’il est dominé et abrité lui-même par le vaste mouchet du palmier qui plane au-dessus de lui. La base du cône au lieu d’être plate est fermée par une demi-sphère, admirablement, je dirais même délicieusement tangente au cône, à l’intérieur de laquelle se trouve le nid proprement dit. En d’autres termes, nous avons devant nous très exactement une bouteille suspendue au palmier par le goulot ; le nid est installé au fond.

Maintenant, pour le propriétaire et constructeur le tout est d’entrer dans la bouteille. Pas question d’entrer par le goulot qui n’est que l’extrême pointe d’un toit massif et qui doit rester massif pour que l’eau n’entre pas. Un constructeur médiocre se contenterait de percer une porte dans le flanc de sa bouteille, et s’il avait quelque notion de menuiserie plus avancée, il y mettrait un auvent de manière que la pluie n’y pénétrât pas. Mais l’auvent est insuffisant quand la pluie est fortement chassée de côté. Elle pénétrerait quand même. Construire une porte à un ou deux battants, le tchocha, comme la suite le prouve, en serait certainement