Page:Cérésole - En vue de l’Himalaya.djvu/67

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à P. pour qu’il me traduise : « C’est un oiseau singulièrement intelligent. L’inconvénient de cette construction si parfaitement fermée et protégée est que la lumière n’y pénètre pas. Or le tchocha a inventé un procédé extraordinaire pour remédier aussi à cet inconvénient. Au bout de la cheminée d’entrée, à gauche et à droite, le tchocha place deux petites appliques de boue et sur ces deux candélabres, il pique ou colle les lucioles, ou vers luisants volants, abondants dans la saison où il occupe ce nid.

Géomètre et physicien, et technicien seul capable d’utiliser pratiquement la lumière froide, la lumière de rendement maximum des vers luisants. (Cela me rappelle les leçons sur l’éclairage électrique du professeur Weber au Poly.) Newton et Edison combinés et munis d’ailes bien avant les frères Wright. D’abord je me dis que c’est une charmante légende ; après en avoir joui un moment, je demande à Jagadhis s’il s’agit seulement d’un fait qu’il a entendu rapporter ou s’il l’a constaté lui-même. De sa petite voix calme et sérieuse ne laissant supposer ni désir d’étonner ni tendance à exagérer, il explique que pendant le mois de Bazr (le mois de juillet), au moment où il y a beaucoup de lucioles et où le tchocha est en pleine activité, il a vu lui-même très souvent pendant la nuit, des nids de tchocha éclairés de l’intérieur par ces lucioles ! On pourrait naturellement supposer que ce que le tchocha demande aux lucioles, ce n’est pas comme Goethe : « Plus de lumière, plus de lumière ! » mais à la manière générale des hommes et des bêtes : « Plus de nourriture, plus de nourriture ! »

J’avoue qu’après avoir été terriblement blâmé par Chapuis pour ma tendance à prêter foi aux lettres écrites au Times de Londres, décrivant le monstre du Loch Ness, j’ai très peur de formuler une opinion positive et affirmative