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pierre cérésole

eeiVous êtes des gens riches, prudents, raisonnables. Le désir de la justice — ce premier pas vers l’amour du prochain dont vous parlez toujours — n’est pas même suffisant pour vous faire détendre d’un cran votre prudence, votre fameuse prudence pour vos vieux jours, pour vos enfants, vos résidences, vos jardins, etc. Vous parlez et ne faites rien, et ce serait si peu de chose qu’on vous demande. Ainsi je suis fatigué de vous voir. Allons nos chemins séparés jusqu’à ce qu’autre chose nous rapproche.
eeiIls passent outre à la haine sans se demander : cette haine n’aurait-elle pas sa cause dans mon injustice ?
eeiLes chrétiens sont tombés tellement bas que si quelqu’un exprime sa sympathie pour les pauvres, on lui dit : « Qui vous a rendu si socialiste ? » et non pas : « Qui vous a rendu si chrétien ? »
eeiLe principal devoir, le devoir des gens sérieux est devenu « gagner de l’argent ». L’homme est élevé pour ça.
eeiLeur christianisme est tout ce qu’on veut, sauf une chose dont on puisse se servir.
eeiNotre monde se caractérise par une acceptation momentanée des choses les plus bêtes et les plus criminelles. Et les gens disent : « Cela sera toujours ainsi » — ce qui veut dire : je suis un lâche et un criminel et je compte bien le rester indéfiniment.
eeiQuand cette guerre sera finie, la vraie guerre commencera.
eeiJ’aime mieux mourir, et laisser toutes les fabriques, usines, sociétés de consommation, banques, envahies peu à peu par les liserons, que de continuer cette vie plate, sans foi, sans idéal. Vous me dites : « Mais, Monsieur, avec cet esprit-là, on ne calcule jamais une turbine qui marche convenablement. » — Eh bien ! pourquoi en calculerait-on ?